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Rollakin poursuit son aventure avec le capital investissement tricolore. Ce distributeur lillois de pièces industrielles de rechange, fondé en 2008 par Jeremy Guffroy et Michael Dumas sous le nom de 123Roulement, avait été repris par un nouveau dirigeant, en 2021. Ce MBI, permettant à Pierre Seznec de prendre les rênes opérationnelles, était orchestré par LT Capital et Trajan Capital, qui misaient chacun environ 5 M€ afin de prendre le co-contrôle. Les deux co-fondateurs conservaient environ 20 % des titres alors que Bpifrance et le management fermaient la marche. Le groupe spécialisé sur la vente en ligne affichait alors 13 M€ de chiffre d’affaires. Ces revenus sont passés à 30 M€ aujourd’hui, grâce à environ 20 % de croissance organique annuelle et à l’acquisition du britannique Simply Bearings l’an dernier. Dans le même temps, l’Ebitda a triplé pour atteindre 7 M€ à 8 M€, selon nos informations.
80 M€ à 100 M€ de valorisation
« Pierre Seznec a accéléré sur trois piliers principaux, avance Thomas Duteil, associé fondateur de Trajan Capital. Le premier est le BtoB, en obtenant des certifications et cartes de distributeur officiel. Cela a permis d’augmenter le panier moyen et la récurrence des commandes. Le second est l’international, avec des ouvertures de site et des investissements qui permettent par exemple d’avoir plus de 10 % de ses revenus aujourd’hui générés aux Etats-Unis. Enfin, il a aussi élargi la gamme pour augmenter les ventes croisées. » Ce parcours a poussé les investisseurs à remettre leur participation en jeu, avec l’aide d’Edmond de Rothschild Corporate Finance. Le processus de vente, orienté vers des fonds afin de permettre aux dirigeants de réinvestir, a attiré de nombreux candidats. La dernière ligne droite opposait Chequers Capital, Initiative & Finance, via son fonds Tomorrow, et Latour Capital, à travers sa nouvelle gamme small cap. C’est ce dernier, conseillé par Rothschild & Co, qui s’est imposé. Il prend le contrôle de Rollakin sur la base d’une valorisation comprise entre 80 M€ et 100 M€, selon nos informations. Une place de minoritaire est faite à I&F, qui pouvait s’appuyer sur Natixis Partners et Oaklins dans les négociations. Ce co-investisseur apporte son expertise ESG, validée par son fonds article 9, notamment sur les aspects d'économie circulaire. Tous les actionnaires jusque-là présents au tour de table cèdent leurs titres, à l’exception du management qui se relue. La dette senior complétant le financement est arrangée par le Crédit Agricole Nord de France.
60 % des ventes réalisées à l’international
Ce LBO bis conclut donc un parcours qui a permis à la société de gagner des parts de marché. « Par son modèle 100 % digital s’adressant principalement au BtoB, Rollakin a disrupté le marché de la distribution de pièces de rechange techniques, constate Julien Donarier, directeur-associé chez Edmond de Rothschild Corporate Finance. Avec l’appui de Trajan et LT, Pierre Seznec est parvenu à transformer cette base solide en une société générant une croissance annuelle moyenne à plus de deux chiffres. Il a par exemple optimisé la logistique et la stratégie digitale tout en réalisant une première croissance externe ». Avec l'aide de Latour et Initiative & Finance, il a désormais les moyens de poursuivre le développement de l'entreprise et de se placer comme un consolidateur. » Ces efforts ont permis à Rollakin de s’imposer plus fortement hors de-France, alors qu’elle ne réalisait « que » 25 % de ses ventes à l’export, en 2021. « Déjà 60 % du chiffre d’affaires est aujourd’hui généré hors de France, y compris au Royaume-Uni, aux Etats-Unis et en Allemagne, indique Nicholas Whitbeck. L’objectif est de se renforcer sur nos pays existants et d’en ouvrir de nouveaux. Rollakin livre ses produits dans 100 pays à travers monde via ses deux entrepôts de Lille et Manchester. Ces développements organiques ont vocation à être renforcés par une stratégie M&A volontariste. »